Le projet de Damiaan Van Dun, "la tour commissionée", inspiré du cadavre exquis, consiste à réaliser une tour d'habitation à partir des soumissions des différents architectes invités.
Les seuls contraintes de l'énoncé sont la réalisation d'un appartement pour deux personnes, avec un emplacement pour la circulation verticale, sans autre contrainte ni de superficie, ni de forme pour la remise.
Ma proposition sera une narration, sous forme textuelle uniquement, que Damiaan devra interpréter pour en imaginer le plan et l'élévation.
"
Un vieil escalier en bois mène au dernier étage.
Ses marches étroites me rappellent l'escalier chez grand-maman, qui grinçait à chaque pas. J'arrive dans un petit vestibule peu éclairé, avec pour seul décor un meuble à chaussures et un porte manteau bien trop chargé. Il y a deux portes: celle de gauche me mènera à une petite serre adjacente, qui accueille des étagères remplies de plantes, légumes et graines en attente; cette petite serre permet à tous les autres résidents d'accéder librement au jardin. Mais c'est la porte devant moi qui m'intéresse: elle mène à l'appartement du "couple du dernier étage", comme on les appelle ici. Je voulu frapper à la porte, mais elle était déjà ouverte - alors j'entrai doucement.
L'appartement était à la fois grand et petit.
Petit, parce que hormis le vestibule ouvert à tous, il ne compte que trois petites pièces: la cuisine, le salon et la chambre. Grand, parce que ces pièces sont toutes axées sur le jardin, qui est là où on finira par passer le plus de temps. C'est bien cela que l'on ressent: le jardin est la quatrième pièce, la pièce à vivre, à laquelle les autres pièces ne sont que des annexes.
J'arrive dans la cuisine et salue mes amis déjà présents. Elle baigne dans la lumière, et les larges baies vitrées grandes ouvertes amènent une brise fraiche. Certains préparent le repas dans la cuisine, d'autres installent des tables à l'extérieur. Des crochets dans le jardin permettent à ceux qui veulent rester dormir d'installer leurs tentes, protégées du vent par des buissons bien placés.
Nous mangeons posés sur l'herbe.
Quand le soleil se couche, nous allumons un feu et nous installons autour, alors que son crépitement accompagne doucement le bruit de nos conversations. Bientôt, le feu ne suffit plus à nous protéger de la froideur de la nuit; nous décidons alors de rentrer dans le salon.
La pièce est bas de plafond, et ses canapés en cercle nous accueillent. Nous discutons de longues heures, et les gens endormis partent se coucher les uns après les autres. Quand le tour fut arrivé au 'couple' d'aller se coucher, je les saluai et les remerciai chaleureusement pour leur invitation, après quoi le mari porta sa femme déjà endormie vers leur chambre. Je pris moi aussi congé des derniers habitués et sortis dans le jardin. Je regoignis ma tente accompagné par la brise nocturne vivifiante. Je me couchai et me mis à penser aux événements de la journée, mais le sommeil eu bientôt raison de moi.
"